Que s'est-il passé en détail au-dessus du village de Blatten ?
Une partie du Nesthorn, une montagne surplombant le village, s’est fracturée, puis effondrée en plusieurs parties sur le glacier du Birch. Avec l’accumulation des tonnes de pierres sur sa surface, le glacier s’est ensuite lui-même effondré. Les millions de tonnes de roches et de glace ont tout emporté sur leur passage et enseveli le village de Blatten.
Des entreprises ou petits commerces ont-ils été touchés ?
Toutes les entreprises et commerces ont disparu, car entièrement recouvert de dizaines de mètres de débris. Dans les villages en contrebas de Blatten, la plupart des commerces et entreprises liés principalement au tourisme ont fortement été touchés.
Quel phénomène physique nous a mené à une telle catastrophe ?
On ne sait pas encore si la montagne s’est fracturée de manière naturelle (formation et destruction des chaînes de montagne) ou si c’est dû à la fonte du permafrost liée au réchauffement climatique. Beaucoup d’indicateurs pointent dans le sens d'une fonte du permafrost mais il manque des données pour en être certain.
A-t-on une idée du coût des dégâts ?
Il a été estimé à plus de 300 millions de CHF (environ 320 millions d'€).
Ces évènements sont-ils amenés à se reproduire ?
Dans les faits, l'événement de Blatten est un événement rare, car il est le résultat d’un scénario extrême de processus en cascades. Ces grands évènements sont si rares qu’il est compliqué d’en sortir des statistiques. Le nombre et la fréquence des évènements naturels causant des dégâts vont cependant très probablement augmenter avec le réchauffement, comme les forts orages, les laves torrentielles, etc.
Comment une entreprise peut-elle anticiper ces risques et auprès de qui ?
Les autorités locales sont toutes en possession de cartes de risques. Il n'est cependant pas rare de voir que des constructions et commerces se trouvent dans ces zones, car les cartes ont été produites à posteriori. Mais il est donc possible pour tout un chacun de savoir dans quelle zone il vit ou pratique une activité tierce. Ces cartes de risque ne prennent par contre pas en compte les processus en cascade, comme celui de Blatten. Ils sont trop rares et trop compliqués à prédire pour les intégrer.
Selon ton point de vue de glaciologue, quelles sont les conséquences d'un réchauffement climatique à venir dans un scénario aux tendances actuelles (au-delà de 3,5°c de réchauffement global par exemple) ?
Dans tous les scénarios climatiques, les glaciers alpins sont amenés à fondre. Si l’on continue comme maintenant, il y a de fortes chances que la plupart des glaciers alpins aient disparu dans 75 ans. Cette fonte engendre une déstabilisation du terrain autour du glacier et va créer de nouveaux lacs glaciaires. Il est donc possible que ces types de danger augmentent avec le temps. La diminution du volume de glace engendre également une réduction du stock d’eau en montagne, qui est très utile en été. En effet, les glaciers fondent durant la période estivale, au moment où les périodes de sécheresse sont plus fréquentes et où les besoins en eau sont plus forts. A l’avenir, l’apport en eau dans les cours d’eau en été sera plus faible, ce qui demandera à tout un chacun (privé ou entreprise) de faire des efforts dans l’utilisation de cette ressource.
La synthèse de Be-low
L’Analyse des risques face au réchauffement climatique permet de couvrir une part importante des risques pour les entreprises, l'occurrence des inondations, pluies torrentielles, tempêtes, retrait gonflement des argiles, sécheresses, canicules. Les évènements en cascades restent quasiment impossible “à prévoir”, mais une stratégie d’Adaptation et de Résilience d’une entreprise lui permet de gérer la plupart des risques identifiables en amont et de travailler à mieux les gérer. Avec l’évolution rapide du Climat, il paraît vital pour les entreprises en secteur urbain comme en pleine nature de se pencher sur ces questions, les risques étant différents mais toujours réels.
Les assurances deviennent aujourd'hui très exigeantes sur les stratégies d'Adaptation face aux risques climatiques auprès des entreprises, et certaines n'hésitent pas à révoquer des contrats d'assurances sur des infrastructures en périls.
L'idée est donc de travailler de concert avec les scientifiques, chez Be-low, pour amener cette science au niveau stratégique des entreprises, pour couvrir ces risques et pérenniser la capacité de l'entreprise à opérer son métier dans le temps.
Hugo Hans
Saskia Gindraux